En arrivant à Sainte-Marie-de-Vatimesnil, on tombe forcément sous le charme de la chapelle Saint-Michel Archange. Sur la droite, un platane centenaire et un chemin, invitation à la flânerie sous des tilleuls majestueux. Découvrez ici ce lieu à travers son histoire, son architecture, ses vitraux.

L’histoire

L’histoire des églises et chapelles de Vatimesnil est difficile à constituer ; les informations retrouvées sont incomplètes et la cohérence n’en est pas toujours certaine.

D’après MM. Charpillon et Caresme, les phrases suivantes permettent d’établir un lien avec aujourd’hui ; nous pouvons lire : Gaultier de Coste, chevalier Seigneur de La Calprenède, acheta en 1655 le fief du Grand Saint-Martin. Sa veuve fit construire en 1677 une chapelle Notre-Dame de la Consolation dans le parc.

Ce fief passa ensuite à la famille Lefebure de Vatimesnil.

Par ailleurs :

«Claude Mailliet IV rendit aveu en 1708 du fief de Vatimesnil recueilli par lui dans la succession de son père, consistant en maison couverte en tuiles, clos et masure près de la chapelle où il y a une haute butte entourée de fossés ; sur laquelle butte autrefois il y avait un manoir ». En 1715 le fief de Vatimesnil est vendu à M. Lefèbvre ; dès lors le nom « de Vatimesnil » est porté par lui et ses descendants. Ce propriétaire- là est enterré dans la crypte sous la chapelle actuelle ; datée de 1741, c’est la plus ancienne sépulture. On dénombre dix-huit sépultures dans la crypte ; sept d’entre-elles portent le nom de Vatimesnil.

Sur le coté droit, une plaque commémorative à la mémoire du comte d’Astorg, mort en déportation, est fixée sur le mur

A l’extérieur :

Parallèle à la grande allée d’arbres menant à la grille du château actuel, la chapelle est curieusement orientée, avec une abside nord-ouest. De gros contreforts encadrent les baies de forme gothique et un imposant porche soutient le clocher. Ce dernier, de forme carrée, est muni de quatre abat- sons et terminé par une flèche octogonale ; à la base, quatre ouvertures évoquant des clochetons accompagnent l’élévation. Sur les côtés, de part et d’autre du porche, deux blasons différents sont visibles. A gauche, le blason est complété par des lions et une inscription « Dieu et ses lois ». A droite, ce sont deux biches qui soutiennent le blason identique à celui figurant sur le portail du château.

A l’intérieur :

l’unique vaisseau de plan allongé séduit par son volume harmonieux. L’ensemble est néogothique, selon les tendances de l’époque, influencée par Viollet-le-Duc. Cette chapelle a été inaugurée le 8 août 1878. L’ensemble se compose d’une nef à deux travées et d’un chœur à cinq baies vitrées. De fines colonnes soutiennent les arcs d’ogives de la voûte. Ces arcs se rejoignent sur d’intéressantes clefs de voûte.

Les baies sont de style gothique en tiers point. Un arc sculpté avec chapiteau à crochets agrémente le contour de la fenêtre. La pierre, de couleur ocre. Au-dessus de l’entrée, une tribune accessible par un escalier hélicoïdal est d’un bel effet ; un vitrail évoquant une rose est placé entre la porte et la tribune.

Le mobilier

Deux rangées de cinq stalles avec des miséricordes identiques sont installées près du chœur. Sur le devant de l’autel, une intéressante sculpture montre une scène d’embaumement du Christ et de lamentations. On reconnait les personnages habituels : la Vierge, Marie-Madeleine. Marie-Salomé. Marie-Cléophas, Joseph d’Arimathie, Nicodème et saint Jean soutenu par un neuvième personnage pouvant être Gamaliel.

L’histoire de l’atelier Duhamel – Marette : Jean-Baptiste Marette est né a la fin du XVIII‘ siècle à Broglie ; il devient verrier et peintre verrier suite à son mariage avec la fille d’un verrier, – En 1842. son fils Jean-Gabriel lui succède à Breteuil-sur-lton, puis s’installe a Evreux en 1844. – En 1858. il s’associe avec un jeune artiste de 22 ans. Louis Gustave Duhamel. qui épouse sa fille, Louis-Gustave Duhamel a été formé à l’école des Beaux-Arts de Rouen puis à l’atelier Bemard. toujours à Rouen. – En 1862. l’atelier s’installe au n’1 de la place saint Taurin (aujourd’hui presbytère). toujours à Evreux. – En 1565. J.G.Marette. qui a 57 ans. se met en retrait ; la signature devient Duhamel – Marette. Sous sa direction. l’atelier a reçu deux médailles. l’une en 1859 à l’exposition régionale de Rouen. l’autre en 1863 par la société française d’archéologie. – En 1900. Gustave Duhamel meurt. mais l’atelier continue à produire. En 1902 il est racheté par Muraire, un collaborateur, L’atelier terme en 1914 suite au décès au front de Muraire. Cet atelier aura fonctionné pendant près de 75 ans sans discontinuer.

Une grande admiration pour le XVIe siècle et l’expérience de nombreuses restaurations dans les églises normandes ont déterminé le style « néo-Renaissance » de Duhamel-Marette, qu’il partageait avec Jules Boulanger, son contemporain rouennais. Toutes ces œuvres procèdent d’une technique traditionnelle, utilisant des verres teintés dans la masse selon une palette délicate judicieusement choisie en fonction de l’emplacement au nord ou au sud des vitraux: un rouge, un vert jaune, un vert amande, un bleu roi, un rose lie de vin. La peinture à la grisaille en traits et en lavis plus au moins épais modifie la translucidité des verres jusqu’à même obtenir de beaux effets de blanc opaque. Ce travail de peinture, qui fait apparaître tout le talent du peinture verrier, est ici malheureusement souvent effacé au niveau des têtes, révélant un regrettable défaut de cuisson. Des touches de sanguine accentuent les tons chairs, la teinture généreuse de nombreux verres incolores au jaune d’argent s’accompagne d’émaux verts, bleus et rouges, le réseau de plombs contourne les figures. L’emploi de très nombreux verres gravés à l’outil ou à l’acide, rouges pour le costumes. Les chausses, les dais, les diables et les dragons, bleus pour d’autres costumes, concourt au raffinement de l’ensemble.

Les vitraux :

Quadrilobe au-dessus des lancettes : Une Vierge de douleurs est représentée, le cœur entouré de flammes et transpercé par un poignard ; ce vitrail illustre la parole de Siméon au Temple : « un poignard le transpercera le cœur ». Les mains aux doigts fins et délicats montrent le cœur transpercé. Le manteau est un dégradé de bleu. Le dessin du quadrilobe est accentué par une bordure de perles jaune clair et un liseré rouge. Le décor losange or sur bleu franc est identique à celui qui entoure les personnages au-dessous. A la base une inscription : Cor mertiae immaculalum.

Quadrilobe au-dessus des lancettes : Nous reconnaissons Saint Joseph (inscription ss Ioseph), l‘équerre dans la main gauche, le rameau de fleurs de lys dans l’autre. Un manteau rouge bordeaux drapé sur les épaules et une tunique brun clair composent les vêtements. Le visage est le portrait d’un homme mûr. les cheveux et la barbe sont gris. L’auréole est intéressante. rouge franc et petites fleurs blanches sur l’extérieur. Une guirlande de perles jaune clair et un liseré rouge soutiennent le dessin du quadrilobe. A la base une inscription : Cor Ioseph Purissimum

Sources :

J. Charles, « églises et chapelles de l’Eure » et NE n°14, Les nouvelles de l’Eure

Charpillon et Caresme, Dictionnaire historique de toutes les communes du département de l’Eure Le Prévost, Mémoires et notes

Marquis de Blosseville, Dictionnaire topographique du département de l’Eure

J.P. Bollen, Etudes concernant l’atelier Duhamel -Marette – Muraire peintres verriers à Evreux

Elisabet Cornetto, les vitraux au XIXe siècle dans l’Eure, conférence donnéee à Bernay, 1986 Hélène Verdier et Renaud Benoit-Cattin, »le vitrail en Haute Normandie au 19ème, Histoire d’un renouveau »

Etudes normandes

Fonds de l’atelier Muraire, don de la famille aux archives départementales à la mort de l’artiste